lundi 22 septembre 2008

Soacha et Usaquen

Sans le vouloir, j’ai fait une nouvelle fois ce week-end le grand écart entre 2 quartiers bogotanais totalement opposés, entre Usaquen (un quartier très joli, mais blindé de thune) et Soacha (un des quartiers les plus pauvres de Bogotá, si ce n’est pas LE plus pauvre…) Cette fois ci la différence était plus frappante. Passer d’un jour à l’autre d’un quartier à l’autre, ca fait un peu bizarre, ca fait un peu mal au ventre.

Un samedi à Soacha

Oscar, mon prof de dessin fait une étude sur les quartiers Sud de Bogota. Connaissant ma soif de découvrir Bogota, il m’invita alors à partir avec lui rencontrer les habitants de Soacha.

Samedi midi, appareils potos en poche, on prend le bus pour le Sud de Bogota. Une heure plus tard, nous arrivons à destination. Le ciel est tout bleu, le soleil frappe fort, la population est souriante. Le moment est plutot agréable, mais j’ai comme une boule au ventre. J’ai devant moi un paysage particulier, c’est la première fois de ma vie que je suis confrontée à une telle misère.

La pauvreté est partout à Bogota. Je croise chaque jour dans la rue des gens qui vivent avec à peine quelques euros par jour. (Je ne connais pas les chiffres, mais une énorme partie de la population colombienne vit avec moins de 1€ par jour.) Ces gens mendient, vendent des bricoles, chantent, jonglent, etc. Au début de ma vie à Bogota, j’ai vécu profondément en moi quelques moments assez difficiles. Rencontrer une telle pauvreté n’est pas chose facile, ca fait réfléchir et parfois on s’en voudrait d’etre né sous une bonne étoile (en France, dans une famille, avec l’accès aux études, aux loisirs, etc.) Depuis, je ne me suis pas habituée à la pauvreté que je croise chaque jour en ville, on ne peut pas s’habituer à ca. On va dire qu’on vit avec, qu’on relativise, qu’on agit à son échelle pour aider son prochain.

Revenons à Soacha. Les routes de Soacha ne sont pas goudronnées, le sol des rues comme des maisons est fait de terre battue, les maisons sont petites (bien souvent trop petites pour le nombre de personnes qui y vit), elles sont faites de quelques briques, de cartons, de toles, de plastiques. A l’intérieur, on recouvre les cloisons en bois de papier journal pour égayer. Il n’y a pas pas vraiment de porte, pas vraiment de fenetre, alors pas vraiment d’isolation. Très souvent, le soir venu, dans mon appartement douillet, j’ai un peu froid. Alors imaginez ce que ce doit etre pour ces gens ! Leurs habitations me font penser aux cabanes qu'on construisait quand on était petits. On improvisait avec quelques morceaux de bois, des clous, de la ficelle, etc. Mais ces gens là ne jouent pas, ils vivent chaque jour avec leur famille dans ces habitations de misère.


La première famille qu’on a rencontrée est composée du papa qui travaille en ville, de la maman qui ne peut pas travailler (elle est atteinte d’un cancer et j’ignore si elle a accès aux soins) et de leurs 4 jeunes filles. Les parents tiennent absolument à ce que leurs filles aillent à l’école. Cette famille se ruine alors pour payer les études, et elle ne mange pas à sa faim. Leur “maison” est minuscule et mal aménagée. J’ai eu l’impression qu’il n’y avait pas assez de “lits” pour tout le monde.

Cuisine de la première famille.

On fut ensuite accueillis dans la seconde famille par la petite Laura qui a tout juste 8 ans et un sacré caractère. Sa maison de toles et de bois est un peu plus grande mais la situation n’est pas meilleure. Sa maman a perdu son second mari d’une maladie, elle est sans travail et en charge de 4 enfants, dont l’une attend un bébé.

Laura.

Photo de Oscar prise par la petite Laura !

La maison de Laura et sa famille.

On rencontra d’autres gens encore… Tous ces gens sont ici depuis 5, 10 ou 15 ans. Ils viennent de diverses régions colombiennes (le Choco, le Llanos, …). Ils ont tous été chassés par la violence qui sévit dans certaines campagnes, par la guérilla. Soacha a tenté de construire une église, elle a eu le projet de construire une salle municipale. Mais les projets ont échoué, il n’y a pas assez d’argent pour de tels projets. La vie ici est médiocre, mais tous les gens ont le sourire, ils paraissent heureux. Ils ont une telle force, ils auraient pleins de choses à nous apprendre a nous petits occidentaux neurasthéniques !

J’aurais eu envie de donner tout mon argent à Soacha. Mais ca n’aurait été qu’une petite goutte d’eau pour aider cette population. J’avais devant moi Soacha et les collines de Ciudad Bolivar qui doivent chacune accueillir quelques milliers de ces baraques de misère.

La journée fut belle de ces sourires et des choses que j’ai apprises. De telles rencontres font pousser en nous la tristesse, la colère, la révolte, mais elles font grandir aussi, on continue ainsi à réfléchir à la manière de changer le monde...


Un dimanche à Usaquen

Je rejoins ce dimanche Emiko à Usaquen, un des quartiers nord de Bogotá, para almorzar (pour déjeuner). On mange un super menu (apéritif, salade, soupe, poisson, riz, pomme de terre, dessert, jus de fruit) pour l’équivalent de 4.50 € !! (Je crois que mon porte monnaie va le vivre très mal mon retour en France ! Haha !) Et puis on part pochoiriser le macadam de Usaquen, on rencontre le marché artisanal, on va boire un thé dans un lieu incroyable qui nous emmène en Inde en quelques instants, on se retrouve sur la place principale. Je reconnais le lieu, c’est dans la belle église de cette place de Usaquen que mon frere s’est marié il y a 2 ans. Cet endroit est assez sympa, il y a des jeunes qui jouent, jonglent et chantent sur le terrain de basket. Un peu plus haut, un comique réunit un grand nombre de personnes, alors qu’à coté les enfants jouent dans le petit parc. On marche un peu plus loin. On tombe sur un quartier qui pourrait etre un "Beverly Hills" de Bogota !? Les rues sont propres et entourées de magnifiques et grandes maisons toutes gardées par des agents de sécurité. Quelques grosses voitures croisent notre chemin mais dans l’ensemble règne un beau silence (Chose rare à Bogota ! Le brouhaha des voitures, bus, gens, la musique des magasins, bars, etc. est le bruit de fond permanent de la vie bogotanaise !) Seuls quelques oiseaux brisent le silence en s'amusant dans les nombreux arbres. Le spectacle est parfait. Mais sommes nous vraiment à Bogota ?? Sommes nous dans la meme ville que celle de Soacha ? Le fossé qu’il y a entre ces deux quartiers est immense...

Plaza principal de Usaquen.Plaza principale de Usaquen.

Plaza principale de Usaquen.
Plaza principale de Usaquen.


1 commentaire:

Anonyme a dit…

comme tu dis, le contraste est saisissant ! aucun commentaire... Heureusement il y a la musique qui adoucit les moeurs et reste universelle... J'ai aussi le CD de Cold Play et comme toi j'aime ' Viva la VIDA ' enfin de l'espoir... bisou